Humain X.0: Introduction

(Temps de lecture: 4-5 minutes)

« Tout peut s’effondrer ». Après avoir appris une nouvelle fois que la fin du monde était pour demain, j’ai décidé de m’accorder une année pour réfléchir. Le monde va-t-il s’effondrer? Si oui, quel jour et à quelle heure? Peut-on seulement estimer la probabilité d’un tel évènement? Peut-on seulement le définir à peu près sérieusement?

Soyons francs, notre monde souffre de problèmes qu’il devient difficile d’ignorer: augmentation des inégalités, diminution de la biodiversité, dérèglement climatique, crise sanitaire, délitement du tissu social, polarisation de la société, instabilité politique; perte de sens, stress chronique, obésité, solitude, précarité, dépression, anxiété, addictions, etc.

Malgré le caractère effrayant de ce genre de liste (de plus en plus répandue), loin de moi l’idée d’être ici très alarmiste. Au contraire, mon ambition au travers de ce projet est d’être au maximum réaliste, c’est-à-dire d’éviter aussi bien le piège du pessimisme désespéré que celui de l’optimiste candide. Vaste programme, et un défi de taille, c’est certain. On va voir ce qu’on arrive à faire…

Paradoxes contemporains. Un constat : dans notre société occidentale démocratique, la plupart d’entre nous (pauvres y compris) sommes à bien des égards mieux lotis que les riches du début du XXe siècle. Je pense ici en termes de nutrition, d’accès aux soins et à l’éducation, sans parler encore de pouvoir d’achat, d’électroménager, de transports et de divertissements. Je ne vais pas m’étendre ici sur ce sujet ; nous y reviendrons. Pour l’instant, je me bornerai à insister sur un point : l’idée selon laquelle « c’était mieux avant » est loin d’être une évidence, bien au contraire.

La mode est à l’alarmisme, mais tout ne va pas si mal

Et pourtant, on a l’impression d’être malheureux aujourd’hui. Pour plusieurs d’entre nous, ce n’est d’ailleurs pas qu’une impression. Nombreux sont ceux qui s’échinent à gagner leur vie dans des boulots sans intérêt, ceux qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, ceux qui sont perdus dans des dépenses et des crédits sans fin, ceux qui ne parviennent pas à concilier vie professionnelle et vie familiale, ou alors qui n’y parviennent qu’au prix d’un stress considérable, si considérable qu’il réduit à néant le bonheur que le confort moderne est sensé nous procurer.

La consommation, le néo-libéralisme et la croissance illimitée nous ont menés à la destruction de l’environnement ; tout cela a permis une nette amélioration du confort quotidien et a donné lieu à toutes sortes de commodités très agréables et pratiques. Mais en termes de bien-être (dans le sens de sérénité et pas simplement de plaisir), il faut bien l’admettre, le bilan est très mitigé, pour ne pas dire franchement mauvais.   

Comment est-ce possible? Pourquoi l’humanité – avec toute cette débauche de science, d’échanges internationaux, de technologie et de progrès médical – ne parvient-elle pas à se hisser à un niveau de bien-être et de satisfaction supérieur à celui des siècles passés?

En termes de bonheur, il y a encore des progrès à faire

Espoirs récents et renouvelés. Depuis quelques décennies, la compréhension scientifique de l’être humain, en particulier de ses limites et de ses travers, mais aussi de ses forces, a fait des progrès considérables. On constate notamment que certaines découvertes de la psychologie sont en train de rejoindre certaines formes de sagesse ancestrale. On constate beaucoup de recoupements prometteurs et d’espoirs redécouverts. C’est cela qui est au cœur de ce projet d’écriture.

Hélas, il faut bien l’admettre, tous ces savoirs, si millénaires qu’ils soient parfois, n’intéressent en général que quelques spécialistes, pendant que le reste de l’humanité est plongée dans l’obscurité de la guerre, de l’information sensationnelle ou du consumérisme effréné. Les idées que je vais présenter ici, vous ne les verrez que rarement dans les rayons d’un grand magasin ou les programmes politiques.

Dans ce contexte, une importante motivation à l’écriture de ce projet est une envie de partage. Comme on le découvrira petit à petit, le partage, l’échange, l’entraide, la coopération, sont des caractéristiques humaines de premier plan, ancrées au plus profond de notre biologie. Cela implique notamment que partager est quelque chose qui procure du bien-être. D’une manière générale, l’échange avec autrui contribue au bonheur.

L’échange est essentiel, surtout sur les sujets difficiles

Jusqu’à maintenant, j’ai toujours été quelqu’un de plutôt solitaire. Je n’ai que rarement partagé les idées que je vais présenter ici. Peut-être parce que je n’ai jamais réussi à y voir assez clair, peut-être parce que je trouvais que d’autres auteurs le faisaient mieux que moi, peut-être parce qu’une bonne partie de ces idées sont très difficiles à exprimer et possèdent un certain potentiel de controverse.

Tout cela me semble aujourd’hui si important que j’ai décidé de me lancer. Concrètement, les questions-clé de ce projet sont les suivantes:

  • Questions sur nos origines. D’où venons-nous? Du singe, du poisson, des bactéries? Quelles sont les transitions majeures de la vie sur terre? En quoi sommes-nous différents des autres animaux? En quoi sommes-nous similaires? Comment vivaient nos ancêtres? Comment l’évolution nous a-t-elle façonnés? En quoi tout cela est-il pertinent pour comprendre notre présent?
  • Question sur notre présent. Comment fonctionne notre cerveau? Comment fonctionne l’esprit? Est-ce la même chose? Qu’est-ce que la psychologie contemporaine? Vivons-nous vraiment dans la pire des époques? Sommes-nous une espèce menacée d’autodestruction? Peut-on se libérer de l’angoisse, de nos doutes et nos interrogations?
  • Questions sur nos perspectives. L’avenir peut-il être prédit? Le monde va-t-il s’effondrer? Que pouvons-nous espérer? Comment agir pour le futur? Sommes-nous asservit par l’argent, l’industrie, la technologie? Peut-on encore être heureux? La méditation est-elle la solution à tous les problèmes? Doit-on faire la révolution? Peut-on encore faire des enfants? Quels programmes éducatifs faut-il prévoir pour le futur? (Et à quand les robots et les voyages interstellaires?)

Une approche scientifique. Pour l’essentiel, ce projet présente de nombreuses découvertes scientifiques, certaines classiques et bien acceptées, d’autres plus récentes ou plus controversées. Malgré la présence occasionnelle de certains éléments spéculatifs, son ancrage est donc profondément académique. Ce travail est le résultat de 20 ans de réflexion et d’études approfondies en psychologie et différentes disciplines connexes (méthodologie de la recherche et statistiques, biologie évolutionniste, science de la complexité).

Dans ce cadre, une de ses ambitions majeures est d’informer, de rendre accessible toutes sortes de nouvelles connaissances utiles à la compréhension de notre espèce. Mais au-delà de cet objectif, le plus important est peut-être d’offrir une vue d’ensemble sur plusieurs questions actuelles difficiles, ainsi que de susciter des échanges et des débats sur différents problèmes contemporains de plus en plus pressants et incontournables.

Le spectre de ce projet est immense, et on pourra sans doute lui reprocher toutes sortes de chose : d’être trop touche-à-tout, de ne pas être pas assez calé sur certains points, d’être « trop scientifique » dans son approche de l’être humain. Bien sûr, certains points abordés ici mériteront des développements futurs par des spécialistes plus compétents que moi dans certains domaines particuliers. Bien sûr, la nature et l’expérience humaine auront toujours quelque chose de mystérieux et d’insaisissable.

Mais l’essentiel n’est pas là. Je suis le premier à concéder volontiers que toute conclusion définitive sur la plupart des questions abordées ici est exclue d’emblée. Mon objectif, évidemment, n’a rien d’ultime. Tout ce qui est présenté ici n’est qu’une étape, aussi bien dans ma propre réflexion que dans notre connaissance collective. Tout ce que j’espère, c’est que cette étape puisse servir de tremplin à d’autres réflexions, à un niveau individuel et collectif, c’est-à-dire aussi bien sur un plan de développement personnel que sur un plan scientifique, social, économique ou politique.

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