(Temps de lecture: 10 minutes)
Cet article porte sur la culture humaine, son évolution et ses liens avec d’autres facteurs biologiques et psychologiques. Nous commencerons par souligner les difficultés associées à l’étude d’un tel sujet, puis nous aborderons certains éléments sur l’émergence de la culture. Ensuite, après avoir évoqué brièvement la question de l’évolution culturelle et du progrès, nous nous focaliserons principalement sur les mécanismes et particularités de l’évolution culturelle, en comparaison avec l’évolution biologique.
La culture : une thématique difficile. Cela va sans dire, la question de l’évolution culturelle est gigantesque et d’une extrême complexité. On pourrait même penser qu’il s’agit d’une question trop complexe pour être étudiée scientifiquement, qu’on ne pourra jamais comprendre tous les raffinements et toutes les sophistications de la culture humaine, qu’il est vain d’espérer mettre en lien l’évolution biologique et la culture humaine, etc. Avant toute chose, il convient donc de «désacraliser» et «décomplexifier» un peu la notion de culture.
La culture : vaste sujet !

D’après l’UNESCO, la culture est «l’ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts, les lettres et les sciences, les modes de vie, les lois, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.» À partir de cette définition, on constate en effet que la notion de culture englobe des éléments extrêmement variés. Ce sont certains de ces éléments et certains processus généraux que nous discuterons ici, et non pas la culture dans son ensemble et moins encore la culture spécifique de tel ou tel groupe humain.
Un point particulier de cette définition mérite d’être souligné : le fait que la culture caractérise « une société ou un groupe social ». Nous reviendrons plus en détail sur ce point, mais soulignons d’ores et déjà qu’il y a d’importantes connexions à faire entre le développement de la culture et la notion de sélection de groupe, évoquée dans l’article précédent, Un singe ultra-social. En effet, d’importants développements de la culture humaine, par exemple l’écriture, ont eu lieu de façon concomitante à la complexification de l’organisation sociale.
Il existe des liens étroits entre culture, sélection de groupe et organisation sociale
Au rayon des difficultés particulières, nous aurons également à gérer la délicate question des liens entre biologie et culture, ainsi que ce qu’on appelle parfois «le lien micro-macro», c’est-à-dire à l’articulation entre l’individu, qui regroupe des questions plutôt du ressort de la psychologie, et le collectif, qui regroupe des questions plutôt du ressort de la sociologie, de l’histoire ou de l’anthropologie. Dans cet article, nous nous bornerons simplement à poser quelques jalons permettant d’aborder cette question; nous y reviendrons sous différents angles ultérieurement.
Précisons encore que nous nous situons ici dans une perspective selon laquelle la culture a émergé et s’est complexifiée progressivement. On exclut d’emblée la possibilité que des pans entiers de la culture humaine soient apparus comme par magie, sans lien direct avec notre histoire évolutive antérieure. Certes les liens entre préhistoire et culture sont difficiles à élucider, notamment car beaucoup d’éléments culturels ne laissent pas de traces fossiles. Mais cette approche «progressive» est la seule crédible dans une perspective évolutionniste, qui implique toujours des petites améliorations incrémentales et une absence de vision à long terme.
« La nature ne fait pas de saut »
Darwin
Émergence de la culture. Nous avons déjà évoqué brièvement l’émergence de la culture dans l’article Sommes-nous une espèce unique ? Nous avons notamment vu que les premiers éléments culturels étaient constitués par trois éléments fondamentaux : les outils et les savoir-faire, les arts et les rituels, ainsi que le langage. Reprenons la réflexion là où nous l’avions laissée, et tâchons de voir comment différents éléments culturels ont pu se mettre en place et se développer peu à peu.
En ce qui concerne les outils et les savoir-faire, il semble indiscutable que leur apparition fut progressive. L’évolution du biface, comme nous l’avons déjà mentionné, fut très lente. De même, la maîtrise du feu s’étale sur plusieurs centaines de milliers d’années. Il en est de même pour toutes les techniques de chasse, des armes de jet aux constructions de piège. Grâce à quelques traces fossiles et quelques objets qui ont survécu à l’épreuve du temps, il y a peu de doute sur le fait que l’évolution de ces techniques fut lente et progressive.
La reconstruction du passé se complique singulièrement quand on en vient au langage, à l’art ou aux rituels. La question des origines du langage, estimée à environ 150 000 ans avant notre ère, est âprement débattue encore aujourd’hui. Si on ignore beaucoup de choses à propos de l’origine et de l’évolution du langage, il est à peu près certain que son émergence fut corrélée à d’autres facteurs-clés, comme l’accroissement de la taille du cerveau et la nécessité de moyens de communication de plus en plus sophistiqués, portés par la complexification de la vie sociale.
Détail des grottes de Lascaux

Même chose ou presque concernant l’origine de l’art. Les premières traces d’activité artistique (peinture ou sculpture, par exemple) datent d’environ 100’000 ans. Les mieux connues sont bien sûr les peintures des grottes de Lascaux, dont l’âge est estimé à 20 000 ans environ. L’art à cette époque, et même avant (il y a environ 50 000 ans) avait déjà atteint un niveau de développement assez important. Plusieurs théories ont été proposées sur les motivations sous-jacentes à cet art, la plus acceptée étant qu’il faisait partie de rituels religieux, en lien notamment avec la chasse, la fécondité et la mort.
À l’heure actuelle, il semble de plus en plus clair que les rituels ont joué un rôle central dans le développement culturel humain. La fonction principale des rituels était de construire et souder les communautés. Nombre de ces rituels étaient éprouvants, physiquement et/ou psychologiquement. La cohésion des groupes était renforcée par ces rituels. Des éléments archéologiques indiquent qu’Homo Sapiens s’engageait dans des rituels nombreux, coûteux et sophistiqués, sans pertinence pour la survie immédiate. Ces éléments vont dans le sens d’une plus grande coopération chez Sapiens, ce qui lui a sans doute donné un ascendant décisif sur Neandertal et d’autres hominidés.
Évolution culturelle et progrès. Maintenant que les bases sont posées, nous allons pouvoir commencer à attaquer les questions véritablement difficiles. Qu’est-ce que signifie exactement l’idée d’évolution culturelle ? Est-ce que l’évolution culturelle implique nécessairement une idée de progrès ? Peut-on admettre que certaines cultures sont supérieures à d’autres ?
La présomption de supériorité culturelle

Commençons par souligner que la théorie dite du développement culturel linéaire a fait long feu. Dans cette perspective, on avait d’un côté les peuples primitifs sous-développés; de l’autre, les peuples supérieurs raffinés. Il était admis que le processus de civilisation procédait linéairement, de l’état barbare à l’état civilisé. Passer de l’un à l’autre était vu comme un développement normal et nécessaire. Les peuples dits primitifs (les Aborigènes, les Mayas, les Navajos, les Inuits, etc.) étaient simplement considérés comme inférieurs; la culture des peuples «développés» permettait à l’être humain de s’élever vers une condition «supérieure». Depuis le début du XXe siècle, cette approche est considérée comme obsolète et erronée par la plupart des anthropologues.
De nos jours, les approches qui font foi sont plutôt celles du particularisme culturel et du développement multilinéaire. Ces approches considèrent que chaque culture est unique et possède une pertinence locale, liée à l’environnement dans lequel elle a émergé. Il n’y a plus d’idée selon laquelle l’humanité «progresse» d’un état primitif à un état cultivé. La culture est simplement vue comme un mélange de traditions plus ou moins stables, mêlées à différentes innovations plus ou moins rapides. Chaque culture possède également de nombreux éléments plus ou moins arbitraires, obsolètes et parfois même contradictoires.
Les relations entre la «culture» et le «progrès» sont éminemment complexes
Soulignons encore qu’il est très délicat d’associer culture et progrès. On peut certes argumenter que certains aspects culturels sont associés à certains types de progrès (par exemple le développement de la médecine), mais il est impossible de tirer toute conclusion univoque sur une culture dans son ensemble; les éléments qui la composent sont généralement trop nombreux et hétérogènes. Toutefois, bien qu’une «hiérarchie objective des cultures» soit impossible à établir, il faut se méfier du relativisme extrême selon lequel toutes les pratiques culturelles se valent et qu’aucune n’est problématique.
Bien sûr, une partie du problème tient au fait que chaque groupe culturel est convaincu d’être le meilleur. Ce biais est quasiment un aspect définitoire de notre espèce. Pour parvenir à sortir de cette manière de penser, il faut réussir à prendre un recul considérable sur notre évolution et notre propre culture. C’est ce que nous essayerons de faire ici, mais la route est encore longue. Laissons donc de côté pour l’instant cette question de l’évolution culturelle et du progrès; nous y reviendrons plus loin, en particulier dans la partie IV (voir le sommaire Humain X.0).
Les «mèmes» et l’évolution culturelle. Au-delà de tout jugement sur la valeur de telle ou telle culture (ou tel ou tel élément culturel), revenons à la question des mécanismes associés à l’évolution culturelle. On trouve souvent dans la littérature sur l’évolution culturelle de nombreuses analogies avec l’évolution biologique. Si ces analogies sont insuffisantes pour caractériser toutes les subtilités de l’évolution culturelle, elles constituent néanmoins un bon point de départ.
Prenons l’exemple du langage. L’évolution du langage est souvent représentée par des diagrammes tels que celui de la figure ci-dessous, qui mettent en évidence les liens de parentés entre différents langages et la séparation en différents types, d’une manière très similaire aux arbres phylogénétiques qui représentent l’évolution et les liens entre différents espèces du vivant. Tous les langages ont un ancêtre commun et s’organisent en famille et sous-famille. Certains de ces ancêtres communs sont peu distants dans le passé, d’autres beaucoup plus, jusqu’à remonter par exemple à un langage commun à toutes les langues indo-européenne, voire plus lointainement encore, à tous les langages existants.
Arbre des langues indo-européennes

Sur cette base, voyons jusqu’où peut être poussée l’analogie entre évolution culturelle et évolution biologique. Tout d’abord, l’évolution biologique repose essentiellement sur les gènes. Certains auteurs ont proposé un équivalent culturel aux gènes, les mèmes, qui peuvent être définis comme des «éléments culturels de base», transmis par des moyens non génétiques, en particulier par les comportements d’imitation. Les mèmes sont par exemple des mots ou des mélodies. Une des idées fondamentales de cette approche est qu’il y a un processus de sélection qui opère au niveau des mèmes. Les mèmes qui ont le plus de succès sont ceux qui sont le plus imités, par exemple les mélodies les plus agréables ou les plus entêtantes.
Un des intérêts de cette approche est de relativiser le rôle de l’intention et de la volonté humaine en montrant que certains éléments culturels peuvent émerger et se maintenir sans nécessiter une grande vision ou une grande créativité de la part de notre espèce. Le langage, à nouveau, en est un bon exemple. Le langage n’a pas été inventé par l’être humain; il a émergé peu à peu et s’est développé car il facilitait considérablement la communication au sein des groupes. Mais à l’origine, aucun être humain de s’est assis à une table pour concevoir le langage. Idem pour l’agriculture, comme nous l’avons déjà évoqué : elle a émergé petit à petit, par essais-erreurs, sans vision des implications à long terme de la part de qui que ce soit.
L’évolution culturelle ne requiert pas forcément une intention humaine
Prenons encore un autre exemple, celui de la conception de bateaux. L’approche «classique» pour tout ce qui est du l’ordre de l’ingénierie est que l’humain conçoit, invente et planifie jusque dans les moindres détails des objets d’une grande complexité. Dans cette perspective, la conception de bateaux est murement réfléchie par des ingénieurs afin d’optimiser toutes sortes de paramètres (poids, flottaison, stabilité, etc.). En d’autres termes, rien n’est laissé au hasard. L’approche par les mèmes, quant à elle, propose une logique beaucoup plus simple, strictement Darwinienne :
- Variation : on construit tant bien que mal, par tâtonnements, toutes sortes de navires différents. Pas besoin de doctorat en aéronautique, que nos ancêtres n’avaient évidemment pas.
- Sélection : certains navires vont couler ou rencontrer toutes sortes de problèmes; un petit nombre d’entre eux seront performants. En d’autres termes, une sélection naturelle va s’opérer sur les différents bateaux.
- Rétention : il suffit ensuite de copier les caractéristiques de ces bateaux performants; en répliquant ce qui fonctionne bien, on construit ainsi petit à petit des bateaux toujours plus performants.
Évolution des navires

C’est exactement par ce genre de mécanismes que la sélection naturelle a créée des prouesses «technologiques» tel que les yeux, les ailes ou n’importe quel organe, qui sont tous sont d’une complexité phénoménale. Quasiment tout, dans un organisme, est une prouesse d’ingénierie. Et jamais un ingénieur n’a planifié quoique ce soit. Initialement très rudimentaires, l’avantage sélectif conféré par ces organes a mené, petit à petit, à un perfectionnement toujours plus grand. Cette même logique «d’évolution aveugle» basée sur des variations aléatoires peut sans problème être appliqué à l’évolution culturelle.
Sur la base de ces considérations, on pourrait être tenté de conclure que l’évolution culturelle procède selon les mêmes mécanismes que l’évolution biologique. Bien sûr, les choses ne sont pas si simples. En fait, l’évolution culturelle procède par des mécanismes qui ne sont que partiellement élucidés et qui ne sont qu’en partie comparables à l’évolution biologique.
Particularités de l’évolution culturelle. Clairement, ni les mèmes ni la culture dans son ensemble n’évolue indépendamment de l’intention humaine. Au niveau des sources de variations, l’évolution biologique repose essentiellement sur des mutations génétiques aléatoires. L’évolution culturelle quant à elle repose certes sur des essais-erreurs plus ou moins «aveugles» (aléatoires), mais également sur des processus «planifiés», qui découle des capacités cognitives humaines (visualisation, imagination, anticipation, etc.).
Entre évolution culturelle et évolution biologique, on trouve autant de similitudes que de différences
D’autres différences importantes se situent au niveau du stockage de l’information. Toute l’information nécessaire au développement biologique d’un organisme est stockée dans les gènes (et dans l’environnement, dans le sens où certains gènes sont activés ou inhibés en fonction de certaines variables environnementales). Pour la culture, les choses sont bien plus compliquées. Quand on observe un trait culturel (un langage, un outil ou un rituel, par exemple), où est stockée l’information correspondant à ce trait ?
Pour la culture, il est très difficile de faire une distinction équivalente à celle entre génotype (les gènes) et phénotype (l’expression des gènes), comme pour l’évolution biologique. Par exemple, l’information permettant de répliquer tel ou tel outil peut être stocké à la fois dans l’outil lui-même (si il est facile à copier) ou dans des procédures apprises par imitation (si des techniques particulières sont requises) voire carrément dans un manuel d’instructions (si l’outil est très complexe).
Quant aux rituels, croyances et normes sociales, ils furent initialement stockés plutôt «dans le groupe», c’est-à-dire dans le cerveau des individus qui le composent, avec un apprentissage de la part des plus jeunes par imitation des plus âgés. Dans les sociétés plus récentes, qui datent d’après l’émergence de l’écriture, ces informations peuvent également être stockées dans des livres ou des textes de toutes sortes. Néanmoins, la tradition orale, la transmission par le langage et l’imitation demeurent très importantes dans la plupart des cultures.
L’évolution culturelle a ses propres mécanismes de variation, sélection et transmission de l’information
Ceci nous amène aux différences au niveau des mécanismes de transmission entre évolution biologique et culturelle. L’évolution biologique procède essentiellement par transmission verticale: les parents transmettent leurs gènes aux enfants. Mais il existe également une transmission dite horizontale, c’est-à-dire un échange de matériel génétique entre organismes sans passer par la reproduction. Ce mode de transmission, moins répandu, joue toutefois un rôle non négligeable, en particulier chez les bactéries; c’est notamment le principal mécanisme par lequel se développe la résistance aux antibiotiques.
En évolution culturelle, les deux types de processus sont, à peu de chose près, d’une importance égale. On constate tout d’abord une importante transmission verticale, des parents aux enfants, et plus généralement des plus âgés au plus jeunes. C’est ce qu’on entend généralement par l’éducation au sens classique. Mais la transmission horizontale joue aussi un rôle très important: de pairs à pairs, d’experts à experts ou encore d’enseignants à élèves (où le premier n’est pas forcément plus âgé que le second, et moins encore son parent).
Dans tous les cas, l’imitation, le conformisme et l’influence sociale sont des moteurs majeurs de transmission culturelle. Pour acquérir toutes sortes de savoir (à commencer par le langage), mais aussi les savoir-faire et les normes sociales, on imite nos parents, nos pairs, les personnes influentes et prestigieuses de notre groupe. S’il existe bien sûr des différences importantes entre les gens, l’imitation et le conformisme demeurent des mécanismes de transmission culturelle absolument centraux, en particulier chez les enfants.
Nous sommes au fond des animaux très sensibles à l’approbation et à la désapprobation de nos parents, de nos amis, de nos pairs. Même chez les groupes qui se revendiquent comme très anticonformistes, la pression sociale est souvent considérable au sein du groupe. Les punks, les révolutionnaires marxistes ou les groupuscules d’extrême droite ont tous des règles sociales auxquelles il est difficile de déroger sans risquer de se faire exclure.
Quel punk oserait avoir un look de gentil garçon ?

Enfin, on trouve également d’importantes différences entre biologie et culture au niveau des mécanismes de sélection. En biologie, les pressions sélectives opèrent le plus souvent au niveau des individus et des gènes. Les gènes sélectionnés sont essentiellement ceux qui sont associés à un meilleur taux de survie et un meilleur succès reproducteur. Pour la culture, les pressions sélectives se situent plutôt au niveau de l’individu et du groupe, quoique dans des proportions variables et souvent difficiles à clarifier.
Si la sélection de groupe existe aussi en évolution biologique (notamment chez les insectes eusociaux), ce processus apparaît comme bien plus central dans le cadre de l’évolution culturelle humaine. Du point de vue de la sélection naturelle, la plupart des « extravagances culturelles » n’auraient jamais dû être sélectionnées, y compris le langage, qui implique un coût développemental et métabolique considérables. La pertinence de ces comportements ne peut donc être qu’indirecte: ils servaient à souder les groupes, et les groupes les plus soudés étaient ceux qui, à terme, survivaient le mieux.
Conclusion de cette partie II. Dans les articles de cette partie «Un animal spécial», nous avons montré que peu de nos caractéristiques sont vraiment uniques dans le règne animal. La spécificité humaine tient à peu de choses, essentiellement le langage et la culture. Assez tôt dans l’histoire d’Homo sapiens, ces facteurs ont joué un rôle de premier plan et ont connu une croissance exponentielle. La culture est rapidement devenu un « système d’héritage » à part entière : les éléments de culture se transmettent d’une génération à l’autre au même titre que les gènes. Aujourd’hui, chez l’humain, l’importance de la culture et de la langue est considérable ; tout être humain met environ une vingtaine d’années pour acquérir toutes les subtilités de son répertoire linguistique et culturel.
D’une manière générale, l’évolution de la culture humaine est dirigée par deux grandes forces. La première, que l’on surestime souvent, est liée à l’intention humaine, son imagination, sa volonté de se développer, etc. La seconde, que l’on commence à peine à connaître, est liée à des forces naturelles. Ces forces naturelles sont essentiellement les lois de l’évolution appliquée à la culture. En dépit de nombreuses similitudes, l’évolution culturelle présente également plusieurs différences avec l’évolution biologique (en termes de sources de variations et de méthode de stockage de l’information, ainsi qu’au niveau des mécanismes de sélection et de transmission). L’ultime résultat de ces différences est que l’évolution culturelle est incroyablement plus rapide et versatile que l’évolution biologique.